INTERVIEW MATTHIEU GONZALES BANDRES – Ostéopathe – 27 ans
Finisher du Norseman Xtreme Triathlon le 1/08/95
Tout d’abord, qu’est ce que le Norseman ? C’est un Ironman (3,8km de natation, 180km de vélo et 42 km de course à pied) qui a lieu à Eidfjord en Norvège au mois d’août depuis 2003. Une course particulièrement difficile puisqu’elle se déroule dans des conditions extrêmes : une eau qui oscille entre 14 et 16°C, un parcours vélo avec un dénivelé de 3360 mètres et 5 cols à franchir pour finir par un marathon avec 1600 mètres de dénivelé positif et une ascension jusqu’à un sommet à 1880 mètres d’altitude. Seuls les 160 premiers arrivés au pied de la montagne à 10km de l’arrivée peuvent faire l’ascension pour obtenir le tee shirt noir de finisher (sur une montée type trail), les autres sont déviés sur un parcours plus facile et auront le tee shirt blanc.
Il n’y a pas de ravitaillement officiel, c’est l’athlète qui doit gérer son alimentation avec son équipe supportrice. Le nombre de participants est limité à 250 et l’inscription se fait via un tirage au sort.
Un ami et ancien de mon club a été tiré au sort pour faire la course cette année : il s’agit de Matthieu Gonzales Bandres, et je lui tire mon chapeau parce qu’il a réalisé l’une des courses les plus extrêmes au monde ! J’ai tout de suite eu envie d’avoir son retour sur cette formidable expérience, et en savoir un peu plus sur les raisons qui peuvent pousser un triathlète à choisir ce type de course.
- Quand as-tu démarré le triathlon ?
Il y a cinq ans j’ai fait le pari avec des amis de faire le triathlon Half de Aix en Provence (1,9km de natation, 90km de vélo, 21km de course à pied), je me suis donc entraîné pour cet objectif. Les années qui ont suivi j’ai fait un peu de course à pied et un peu de natation mais j’ai commencé officiellement le triathlon en Septembre 2013 quand je me suis inscrit au club de Versailles Triathlon.
- Tu t’entraînes combien d’heures par semaine ?
Je m’entraîne environ 10 heures par semaine, en période de préparation du Norseman de février à août j’ai atteint les 12/13 heures par semaine, voire 14/15 heures.
- Quelle a été ta première course ?
J’ai fait un Sprint avant Aix en Provence pour me tester sur un triathlon. Ensuite j’ai surtout fait des relais pour m’amuser avec les amis, la famille et faire du sport.
- Combien fais tu de courses par an ?
Je fais environ 6 courses par an.
- Qu’est ce qui t’a amené à faire un Iron Man, qui plus est l’un des plus durs au monde ?
Je me suis lancé un défi, je me suis demandé si un triathlète lambda pouvait faire ce triathlon. Je me suis dit que si je devais faire un Ironman ce serait celui là et pas un autre, que si la distance ne me plaisait pas, que j’en revenais dégoutté alors la distance Ironman ce ne serait pas pour moi. J’ai choisi cette course aussi parce que l’on ne peut pas y aller seul, on a besoin d’assistance et j’étais accompagné par mon père et ma sœur qui m’ont aidé pour les transitions, le ravitaillement, et qui m’ont encouragé tout au long de la course. C’était important pour moi de pouvoir partager cette expérience.
- Est-ce que quand tu as démarré le triathlon tu pensais un jour faire un Ironman ?
Non, à l’époque on a vu un reportage à la télé avec des amis et c’est à ce moment là qu’on s’est lancé le défi de faire un Half parce que la distance Ironman nous paraissait trop longue. Ensuite quand j’ai fini mes études et je me suis vraiment lancé dans le triathlon. Etant jeune, célibataire et pouvant consacrer du temps aux entraînements, j’ai donc décidé de faire le Norseman.
- Comment as-tu vécu l’entraînement pour cette échéance ? Est-ce que cela été une grosse charge d’un coup ?
Ca s’est bien passé puisque je n’ai pas chargé tant que ça sur les entraînements, le plus gros volume que j’ai fait pendant quelques temps s’élevait à 14/15 heures d’entraînement par semaine. Je me suis fait coaché le dernier mois de préparation. En fait, mon principal objectif pour cette saison était de faire des courses en D3 avec mon club, donc des formats Sprint. Malheureusement les Sprint que j’ai faits ne se sont pas bien passés mais j’ai fait un Half fin juin en préparation du Norseman et ça s’est bien passé. Je suis parti pas trop fort en natation, idem en vélo, par contre la partie course à pied a été plus difficile à cause la chaleur et des crampes. Mais cette course m’a rassuré, j’ai surtout pu tester mon alimentation, un point essentiel sur une course longue.
- Qu’est ce qui a été le plus dur dans cette course ? Ce qui t’a le plus plu ?
J’ai été surpris par le nombre de personnes qui se sont intéressées à cette course, qui m’ont suivi et encouragé via de nombreux messages. Quand j’ai su que j’étais tiré au sort, j’ai monté un groupe facebook pour partager cette expérience et discuter de l’avant/après course, et cette page qui a démarré avec 20 membres en compte aujourd’hui 155. Ce qui est surprenant (et un peu déroutant) c’est que l’on vit cette course comme une course lambda, le retrait des dossards etc, tout est « normal » alors qu’on s’attend à autre chose vu le côté extrême de ce que l’on va vivre.
C’est une course impressionnante de par le froid, le paysage, les conditions et c’est à la fois tout petit, il n’y a que très peu de coureurs finalement, nous étions 249. C’était magique de voir l’engouement des gens pour cette course, de partager cela avec eux, d’avoir mon père et ma sœur à mes côtés.
Ce qui m’a paru le plus difficile c’est de jauger l’effort, de savoir où je pouvais rouler fort ou pas, même chose à pied. Dans cet environnement particulier, c’est compliqué de savoir comment gérer son allure et surtout comment gérer la course en fonction des tracas imprévus (j’ai été malade à vélo). Ce ne sont pas tant les conditions extrêmes (le parcours natation a été réduit de moitié dû à la température de l’eau à 11,8°C !) qui m’ont dérangées mais la frustration de ne pas savoir gérer la course, ce qui s’explique surtout par le fait que c’était mon premier Ironman.
- Quel est ton prochain objectif ?
Je n’ai pas d’objectif précis pour l’instant, je sais juste qu’à partir de maintenant je ne ferai que du long : Half ou Ironman. Je pense qu’à mon âge on est plus performant sur du long et c’est le bon moment pour commencer et espérer avoir des résultats. Le Sprint c’est bien pour s’amuser et je continuerai sûrement à faire quelques courses de ce format avec mon nouveau club.
- Que penses-tu de faire appel à un coach ?
Je pense que c’est mieux de se faire coaché pour faire du long, avoir quelqu’un pour nous guider, qui s’y connaît bien en triathlon et qui est objectif quant à nos capacités et notre potentiel. C’est bien aussi pour des distances plus courtes lorsque l’on a un bon niveau.
Pour en savoir plus sur le Norseman et voir à quoi cela ressemble je vous conseille ces deux vidéos :
Résumé du Norseman 2015 :
Intérieur Sport – L’enfer du Norse réalisé en 2013 :
Je viens de regarder le 1er film, celui du Norsman 2015. C’est hallucinant! Ce sont des grands malades quand même…
L’interview est sympa aussi 😉
Bises
Louis
Merci Louis ! En effet c’est incroyable ce qu’ils font, quel courage, quelle volonté !
Je viens de consulter les vidéos époustouflantes des Norseman 2012/2015. Un grand bravo aux participants et plus particulièrement à une jeune fille, Mlle Lucie Croissant, 24 ans, qui a relevé cet incroyable défi avec en prime le Tee shirt noir !!