Connaissez-vous cette course qui relie la ville de Saint Etienne à Lyon en plein mois de décembre avec un départ à minuit ? Oui, oui, ça existe, il s’agit de la Saintélyon ! Un trail (moitié route, moitié sentiers) de 72km avec 1730 m de D+ qui peut s’effectuer seul ou en relais par équipe de 2, 3 ou 4 personnes. C’était à la base une randonnée pédestre de 60 km quand cela a été créé en 1951 et c’est en 1977 que les marcheurs sont autorisés à courir. Depuis les éditions se succèdent et la course est devenue très populaire avec 7000 inscrits sur le format 72 km, c’est le plus grand raid nocturne de France. A noter qu’il existe aussi la SaintExpress (44 km), la SaintéSprint (22 km) et la Saintétic (12 km). Le 1er homme cet année a mis 5h17 et la 1e femme 6h35 !!
Voici donc un concept un peu fou, un sacré défi auquel personnellement je ne pensais jamais me mesurer (trop long, trop froid, trop noir…) jusqu’à ce que mon frère et mon cousin se lancent dans l’aventure et me racontent leur épopée. Je me dis en effet que ça pourrait être magique…
Un mois a passé depuis qu’ils ont réalisé ce magnifique exploit en 11h26 (4000 environ sur 7000 partants et 5100 finishers) que je salue encore et j’ai voulu en savoir plus pour le partager avec vous, voici leur retour sur cette belle expérience :
1. Depuis quand courez-vous ? A quelle fréquence ?
L : je cours depuis 2011 quand j’ai préparé les 20 km de Paris. Je fais 2 sorties par semaine et 3 en période de préparation d’une course.
V : je cours depuis 3 ans vraiment sérieusement à raison de 2/3 fois par semaine et 5 fois par semaine quand je prépare une course + de la natation et du renforcement musculaire en salle.
2. Quelle était votre plus grosse distance avant la Saintélyon ?
L : un marathon et à la réflexion, on s’est dit qu’il valait mieux avoir fait au moins un marathon avant de se lancer sur une course comme la Saintélyon.
V : un marathon.
3. Quelle est ou quels étaient vos motivations pour faire cette course ?
L : Vincent a été un réel moteur pour nous inscrire sur cette course et ensuite cela représentait un défi personnel, je voulais me prouver que j’étais capable de faire un ultra (même si la distance officielle d’un ultra commence à 80 km, la Saintélyon est considérée comme une course ultra). De plus, la course qui commence de nuit, ça ajoutait du piment !
V : j’avais envie de rentrer dans le monde de l’ultra, de voir ce que ça donne, qui plus est sur une course mythique et dans des conditions particulières. Un ami qui fait de l’ultra m’a dit que La Saintélyon était la course qui ressemblait le plus aux ultras au niveau de l’ambiance et c’est ce qui m’a attiré, être capable de faire une course similaire à un ultra à mon niveau.
4. Combien de temps a duré votre prépa ?
L : 12 semaines avec 3 séances par semaine. Si mon emploi du temps m’empêchait de faire une séance (manque de temps ou une petite contracture à la cuisse), je troquais la séance par un footing cool.
V : j’ai suivi une prépa sur 3 mois.
5. Vous sentiez-vous prêts le jour J ? Quelles étaient vos sensations à quelques heures du départ ?
L : je me sentais prêt et j’étais impatient. La journée du samedi a été longue puisque nous sommes partis de Bruxelles à 10h30 et à 17h nous étions déjà dans la halle de Saint Etienne à attendre le départ qui a eu lieu pour nous à minuit dix.
V : c’était assez paradoxal puisque d’un côté oui je me sentais prêt, j’avais suivi mon plan d’entraînement sérieusement et d’un autre côté je n’étais pas si sûr puisque sur une telle course on ne sait pas ce qui nous attend, comment notre corps va réagir, il y a une grande part d’inconnu.
6. Comment s’est passé la course ?
L : tout s’est bien passé au début, on a suivi le rythme cool qu’on s’était fixé à 6′ du kilo jusqu’au 1er ravito au 15e km. c’était hallucinant le monde qu’il y avait dans la tente, l’effervescence et le choix du ravito salé et sucré. Il fait toujours froid quand on sort de la tente. Au 36e km j’ai commencé à avoir mal au genou, ce qui m’a un peu gâché le plaisir. Je me suis ensuite tordu la cheville, ce qui m’a pénalisé dans la suite de la course. J’ai pris un anti inflammatoire qui m’a soulagé jusqu’au 50e km. A partir de là ça a commencé à être dur, j’étais fatigué, je devais être très vigilent sur mes appuis. Quand le jour s’est levé c’était très sympa, il y avait une belle lumière et une nature givrée. Les 10 derniers km ont été les plus durs, sur les 5 derniers on a marché d’autant plus qu’il y avait une énorme côte. Tout le monde était dans le même état, à moitié hagard… A 500m de l’arrivée un gars nous a poussé pour finir en courant et c’est ce que l’on a fait. Florence, ma cousine qui est la soeur de Vincent était là à ce moment là pour nous encourager, ça nous a fait vraiment plaisir, on était émus. Une fois qu’on a passé la ligne d’arrivée j’étais très ému.
V : la course s’est très bien passée, c’est une ambiance difficilement explicable avec les coureurs et le public. Au début il faut le temps de se préparer mentalement à affronter cette course, il y a l’envie d’y aller, et petit à petit tu te mets dans la course, tu rentres dedans. Les kilomètres s’enchaînent et tout va bien, tu sais que les ravitos arrivent régulièrement sur le parcours. J’ai pris le temps de profiter, de regarder derrière moi les serpentins de lumières. J’ai marché dans les montées, ce qui m’a permis de me « reposer », j’ai pu profiter de la nature, des gens qui faisaient du feu sur le bord de la route, c’était magique ! J’ai aimé prendre mon temps sur les ravitos, là où sur des courses de format plus court c’est la cohue, les gens se bousculent pour vite repartir. Là on a pu prendre notre temps.
7. Les plus beaux moments ? Les plus difficiles ?
L : les plus beaux moments : le départ avec une chanson de U2 en fond, les ravitos avec tous les concurrents, l’ambiance un peu space, le lever du jour, l’arrivée, la douche juste après, le lundi OFF que j’ai savouré et le fait d’avoir fait la course avec Vincent du début à la fin.
Les plus difficiles : au 50e km quand j’avais très mal au genou, mais à ce moment là je me suis souvenu de ceux qui disaient que je n’allais pas y arriver et j’ai continué !
V : les plus beaux moments : le week end avec mon cousin 🙂 le départ, les premiers kilomètres en ville, l’échange à deux qui est toujours aussi franc l’un envers l’autre, la simplicité et la complicité dans le dialogue avec Louis. La venue de ma soeur à l’arrivée et les derniers kilomètres, le fait d’avoir réussi à aller jusqu’au bout tous les deux. Le côté humain a été plus fort que le côté sportif.
Les moments les plus difficiles : le froid à la sortie des ravitos, je mettais un bon quart d’heure pour me réchauffer à chaque fois.
8. En un mot, que retenez-vous de cette expérience ?
L : le dépassement de soi, une course difficile et inoubliable
V : que c’est faisable, ce n’est pas une course à prendre à la légère mais si on s’entraîne sérieusement on peut y arriver.
9. L’auriez-vous fait seul ?
L : Non
V : la première fois non, mais l’année prochaine je vais refaire la course seul ou pas seul.
10. Pour finir, une anecdote à nous raconter ?
L : j’ai trouvé très pratique le fait de pouvoir éteindre la frontale quand j’ai dû aller me soulager dans la nature, ni vu ni connu 😉 Il y a aussi le moment où l’on a vu le panneau LYON 55 km, on se dit qu’on est pas arrivés !
V : plus qu’une anecdote ce serait une conclusion : le sentiment de fierté, la satisfaction personnelle d’avoir fait une telle course.
Merci à vous et encore bravo ! A très vite pour de nouvelles aventures 🙂